Queen

Affiche du film

Fiche technique 

Titre : Queen

Traduction : Reine, qui est le prénom de l'héroïne en hindi "Rani", féminin de Raja

Année : 2014

Durée : 2h26

Production : Phantom film dont fait partie Anurag Kashyap (qui a réalisé les brillants Dev,D et Gangs of Wasseypur).

Ce n'est pas un film chanté-dansé à la Bollywood. 

Box office

(environ, en raison des arrondis et des taux de change entre roupies, dollars et euros)

Budget : 2,5 M euros

Recette : 13,5 M euros

Source : Wikipedia

Un film féministe malgré son réalisateur controversé

Le réalisateur Vikas Bahl, a vu sa carrière récemment entachée par des accusations de harcèlement sexuel, dont il est sorti innocent. Né en 1971 à New Delhi, il a réalisé quatre films depuis 2011, après avoir produit plusieurs films. Dans l'ordre chronologique :

Chillar party  

Queen 

Shaandaar

Super 30

L'histoire en deux mots

Rani est jeune, charmante et un peu naïve. A Rajouri, près de Delhi, c'est l'effervescence : répétitions de chorégraphie, séance de décorations au henné, allées et venues de la famille, des traiteurs... Elle va épouser Vijay.

La veille du mariage, son fiancé annule brutalement le mariage, ne la trouvant plus à la hauteur de son futur statut social en pleine expansion.

De manière inattendue et audacieuse, en dépit de son milieu traditionnel et conservateur, Rani part seule en lune de miel, à Paris puis à Amsterdam. Elle a cassé sa tire-lire et compte bien en profiter.

C'est son voyage géographique et intérieur que nous suivons : de Delhi à Paris, puis Amsterdam, et son retour - discrètement métamorphosée - à Delhi.

Le film est soigné, dès son générique, qui mêle les plans collectifs, des chants synchrones, des chorégraphies toutes en mouvement sur une musique entrainante, l'ensemble est très réussi.

Les personnages indiens

Rani y va, mais doucement

Rani dans les préparatifs de son mariage, avec le laid gilet qu'elle portera souvent dans le film

Kangana Ranaut porte le film, vibrante et délicate, peut-être dans son meilleur rôle (elle compte une trentaine de films à son actif depuis 2006, difficiles à se procurer en France et donc à voir). C'est une performance d'actrice exceptionnelle. Dans ce parcours initiatique elle donne à voir un personnage inébranlable et en même temps changeant.

Un jalon décisif de sa transformation de chenille en papillon est sa rencontre avec une employée de l'hôtel où elle réside - libérée et incarnée par la belle australienne d'origine indienne, Lisa Haydon.

Vijaylaxmi la vie à pleines dents

Le personnage est pétillant et déluré, et en même temps d'une grande conscience de soi, qui donne à voir une autre vie possible à Rani : une vie sans mari, mais avec des enfants quand même, une liberté sexuelle assumée, de la joie aussi...

La très belle Vijaylaxmi

Vijay le fiancé repentant

Rajkummar Rao a tout ce qu'il faut de pataud pour incarner Vijay, imbécile pas forcément sexy, et en tout cas infantile. Il fait une cour assidue à Rani, pour finalement rompre son engagement de manière irresponsable.

Vijay le fiancé versatile

Les compagnons européens

Il y a d'abord les sympathiques compagnons de chambrée, en auberge de jeunesse, à Amsterdam

Oleksander le russe

Malgré ses 45 bières quotidiennes, il apprivoise Rani, toujours attentif, peut-être un peu amoureux. L'acteur britannique Mish Boyko fait très bien le russe.

Oleksander écoute Rani lui raconter une blague en hindi

Taka le japonais

Rescapé - toujours joyeux pour contrer la tristesse - d'un énième tsunami. affectueux et pitre.

Tim le français

Musicien d'origine africaine, il clôt avec discrétion une diversité un peu artificielle.

Marcello fier de sa cuisine

    Marco Canadea dans le rôle de l'exubérant Marcello

    L'acteur (suisse) Marco Canadea joue un restaurateur italien excessif et curieux, de manière diablement séduisante.C'est sa seule intrusion dans le cinéma indien.

    Rani s'y laisse un peu prendre.
    Leur rencontre à voir en vidéo :

    Un voyage initiatique

    Le film est joyeux sur le chemin de la conscience de soi et l'exercice de sa liberté.

    De belles rencontres

    On évite péniblement les stéréotypes sur les gens et les lieux visités : les restaurant français aux menus ridicules, la Tour Eiffel scintillante, le quartier rouge d'Amsterdam et ses prostituées en vitrine. Mais cela ne gâche aucunement le plaisir qu'on prend à voir le film.

    Une émancipation

    C'est l'expérience d'autres vies possibles : où l'on peut se lancer dans des aventures improbables, faire manger des golgappas (comme des choux mais en plus légers) pimentés à de pâles hollandais, et même gagner un peu d'argent.

    Son amie Vijaylaxmi adoucit ses inhibitions (faire des rots potaches au fond d'un taxi, découvrir l'alcool, les discothèques...).

    Un montage dynamique

    Le film raconte au fil de son voyage, le parcours, en flashbacks, qui l'a menée dans les bras de Vijay. Les dialogues sont écrits et fins.

    Affiche minimale de Queen par Manoj Nath

     On assiste à plusieurs scènes hilarantes, avec dans l'ordre :

    la visite de courtoisie aux amis de ses parents à Paris, qui ont appris le français avec les formidables "Patel tutorials", et jurent sans le savoir comme des poissonniers ("Fait chier, fait chier" en leitmotiv)

    une obsession de Tour Eiffel 

    une belle brassée de cadeaux que Rani achète pour toute la famille dans un sex shop, en réinventant de manière désarmante l'usage de chaque objet 

    la fascinante conversation avec sa future belle-mère et les joies à venir de jeune mariée ...

    La bande annonce


    Le film était sorti en salles en France, et il est disponible sur Netflix et chez Amazon. Avec de bons sous-titres, c'est mieux.