Joyland

Affiche française

Fiche technique 

Titre : Joyland                                                                     En ourdou جوائے لینڈ


Traduction : 
Le pays de la joie (nom d'un parc d'attractions à Lahore)

Année : 2022

Durée : 2h06

Réalisation :  Saim Sadiq

Production : Riz Ahmed, le brillant acteur et producteur britannique

Affiche par l'artiste Salman Toor pour le Pakistan

Un premier film réussi

Issu de la classe moyenne, Saim Sadiq grandit à Rawalpindi à côté du Lahore. Il complète ses études effectuées au Pakistan par une licence en anthropologie à l'université de Columbia (Etats Unis). 

Attention, son film n'est pas une bluette sans consistance : on aborde des questions sérieuses, avec des réponses possibles souvent sombres, contrebalancées par des pointes d'humour et d'irrévérence. Mais cela reste un film pesant. Spectateurs trop émotifs s'abstenir.

Saim Sadiq

Succès critique

C'est le premier film pakistanais à être sélectionné en compétition au Festival de Cannes, où il reçoit le prix du jury dans la catégorie "Un certain regard" (2022).

(environ, en raison des arrondis et des taux de change entre roupies et euros)

Budget : 500 000 euros

Recette :  3,5 millions d'euros

 Source wikipedia

Des histoires

Une famille patriarcale

A Lahore, un père intransigeant domine sa famille tout entière : ses deux fils, ses deux belles-filles et ses quatre petites-filles. Tous vivent sous le même toit. Il veut que son fils cadet Haider (Ali Junejo) trouve enfin un travail et lui donne un petit-fils.

Fête familiale

L'histoire d'un homme qui se perd et se trouve (un peu)

Malgré sa vie conventionnelle, Haider trouve un travail comme danseur. Il garde secret son rôle dans un théâtre cabaret peu recommandable. Marié à Mumtaz (Rasti Farooq), il tombe amoureux de Biba, la danseuse transgenre (Alina Khan) de la troupe, sans trop comprendre pourtant les enjeux de sa nouvelle vie affective et sexuelle. 

Moment complice entre Haider et sa femme Mumtaz

L’histoire d’une femme qui perd l’homme qu’elle aime 

Mumtaz a épousé Haider plutôt qu'un autre, parce que ce mariage lui permettait de continuer à travailler. Elle a appris à aimer cet homme qui la respecte. Elle va le perdre pour une autre, et son indépendance professionnelle est remise en question par le beau-père totalitaire.

L’histoire d’un homme qui a conquis son identité de femme

Biba est belle et voudrait un homme qui l'aime. Elle va se retrouver aimée de manière ambiguë, pour autre chose que ce qu’elle est devenue.

Biba et son amant Haider

L'intérêt du film

On est dans un registre sombre, loin des fastes des comédies musicales de Bollywood.

Ce film original, et audacieux dans sa critique des pesanteurs familiales et patriarcales qui règnent au Pakistan (et souvent ailleurs), nous offre une chronique bienveillante, maladroite mais sincère.
Avec élégance formelle et délicatesse de jeu, il aborde la question des identités sexuelles et de l’idée de la virilité, dans un pays où l'adultère de la femme reste un crime.

Le scénario semble inutilement chargé cependant : Haider tombe amoureux ailleurs, ce qui est déjà un sujet, mais en plus d’une danseuse transsexuelle, dont il n’est pas clair s’il préfère le passé masculin et les charmes féminins. 

Les personnages, incarnés par des acteurs convaincants dont on aimerait voir encore d'autres rôles, sont en demi teintes : des individus à part entière, avec leurs doutes et leurs déceptions, leurs incohérences.

Le cinéma pakistanais

Ce film pakistanais est un événement en soi : nous avons très peu de sorties en salles venant de ce pays très contraint (le Pakistan est une des quelques républiques islamiques). La précédente sortie était en 2018 le fascinant film My Pure Land, un western tendance féministe, critique brutale du patriarcat pakistanais. C'est une nouvelle fenêtre ouverte sur un pays beau, complexe, inaccessible.

Sortie compliquée au Pakistan

La sortie du film au Pakistan s'est trouvée compliquée par son interdiction par le ministère pakistanais de l'information et de la radiodiffusion. La censure a fait couper plusieurs scènes érotiques et le film est finalement sorti dans les salles pakistanaises, sauf au Penjab, où il reste interdit.

Bande-annonce

Avec des sous-titres français (2mn6)


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