Affiche française du film |
Un film britannique, un film de femme
Sarah Gavron (née en 1970) est britannique, diplômée de la National Film and Television School, où elle suivit les cours de Stephen Frears. Elle s'attache à donner une voix aux femmes qu'on n'entend souvent pas.
Sarah Gavron |
Elle a réalisé quatre courts métrages (documentaires) et plusieurs longs métrages :
This Little Life (2003),
Brick Lane (2007),
Village at the End of the World (2012),
Suffragette (2015),
Rocks (2019), sorti en France pour notre plus grand bonheur
Fiche technique
Titre : Brick Lane
Titre en français : Rendez-vous à Brick Lane
Année : 2007
Durée : 1h41
Brick Lane est une rue dans l'est de Londres, où vit une communauté indienne musulmane, majoritairement issue du Bangladesh.
Un joli succès pour un petit film
(environ, en raison des arrondis et des taux de change entre roupies, dollars et euros) Source boxofficeindia.com
Budget : 2,3 millions d'euros
Recette : 3,5 millions d'euros
L'histoire en deux mots
Dans le Londres des années 1980, Nazneen, une jeune Bangladeshi se meurt tranquillement dans un mariage arrangé. Son mari est gentil, ses deux filles grandissent, elle a su trouver un petit travail, mais ce n'est pas une existence réjouissante. Jusqu'au jour où Karim vient frapper à sa porte.
Le film adapte Sept mers et treize rivières, le roman de Monica Ali (britannique née au Bangladesh).
Mari et femme |
Distribution
Tannishtha Chatterjee est Nazneen Ahmed. Elle a vingt ans de cinéma derrière elle déjà, dont les très réussis Gulaab Gang et Angry Indian Goddesses.
Satish Kaushik est le mari, Chanu Ahmed, dans un jeu nuancé et attachant d'une belle ampleur.
L'acteur irlandais Christopher Simpson interprète Karim. On peut le retrouver dans Code 46 de Michael Winterbottom (2003). D'origine gréco-rwandaise, il est très crédible dans le rôle du séduisant indien.
L'intérêt du film
C'est le portrait subtil et pudique d'une communauté déchirée.
Emancipation féminine
D'un côté une femme, mariée trop jeune à un mari plus âgé, mère esseulée dans une langue qui n'est pas la sienne. Son parcours et sa volonté lui permettront de se libérer (elle et en partie ses filles) du pouvoir économique qu'a son mari sur elle, des emprises religieuses omniprésentes, tout autant que du communautarisme. Son travail de couturière à domicile et sa relation avec Karim la construisent et lui donnent une solidité.
Faillites masculines
Les hommes n'ont pas cette solidité, et c'est à leur chute que le film s'attache.
Chanu est gentil mais dépassé : ses rêves naïfs d'ascension sociale ne peuvent se réaliser, dans un pays qui l'accueille sans lui donner la place qu'il cherche. Il est démuni face à sa femme, qu'il aime et respecte mais le dépasse. Sa tolérance l'honore.
Karim est plus libre et semble mieux intégré, mais se trouve rattrapé par le racisme anti-musulman : et adopter la barbe et une attitude religieuse rigoriste n'est pas la solution la plus constructive.
Déracinement
Le film est intelligent et évite les écueils habituels sur les mariages arrangés, pour questionner les identités de nos immigrés. Ce flottement entre le pays d'origine et la terre d'accueil, entre sa langue à soi, et la langue d'adoption. Il y est question également de l'histoire post-coloniale britannique : une mention de cette guerre sanglante qui opposa Bangladesh et Pakistan.
En famille |
Bande-annonce
2mn
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