Mira Nair en 2022 |
Une américaine
Mira Nair est née en 1957 dans la région d'Odissa sur la côté est de l'Inde. Elle vit entre New Delhi et New York, assumant son identité indo-américaine. Après des études de sociologie en Inde, elle poursuit sa formation avec une bourse d'Harvard aux États Unis.
Elle a réalisé une dizaine de longs métrages, notamment à travers sa société de production Mirabai Films. Elle vise un public international. Elle bénéficie d'une reconnaissance publique et critique unanime.
Portrait abstrait
Mira
Nair est une cinéaste courageuse et prolifique, qui passe avec fluidité des autoroutes
de Hollywood à un cinéma indépendant moins accessible. Ses films parlent essentiellement de l'Inde, de manière obsessionnelle, des indiens, de la diaspora indienne, des questionnements identitaires, sans se voiler la face sur les duretés d'un monde sans concession. L'Inde n'est pas tendre, ses films non plus. Âmes sensibles s'abstenir. On est loin de l'eau de rose de Bollywood.
Citation
If we don't tell our own stories, no one else will.
Si nous ne racontons pas nos propres histoires, personne d'autre ne le fera.
Filmographie
Après plusieurs films documentaires (dont le réussi Cabaret), son premier long métrage est une fiction :
1988 : Salaam Bombay!
Le jeune Krishna se bat pour survivre parmi les dealers, les proxénètes et les prostituées, dans une Inde sombre, faite de ruelles et de caniveaux.
Salaam Bombay ! a
un immense retentissement international. Il remporte la Caméra d'or au
Festival de Cannes, une première pour un film indien, et une nomination
comme meilleur film étranger aux Oscars.
Affiche de Salaam Bombay! |
1991 : Mississippi masala.
Histoire d'amour entre un noir et une indienne.
1995 : The Perez family
Comédie américaine autour de la diaspora mexicaine.
1996 : Kama sutra: a tale of love
Romance historico-érotique située au XVIe siècle.
2001 : Monsoon wedding
Le mariage des moussons en français, obtient le Lion d’or au festival de Venise. C'est un des films étrangers les plus rentables de tous les temps.
Le film tourne autour de l'organisation, des complications et des enjeux d'un coûteux mariage arrangé.
Affiche de Monsoon Wedding |
2022 : Hysterical blindness
Téléfilm pour HBO. Peut-être le moins indien de tous ses films. Uma Thurman obtient le Golden Globe de la meilleure actrice et Ben Gazzara et Gena Rowlands des Emmy Awards.
2004 : Vanity fair
Adaptation dépoussiérée du roman anglais de William Thackeray (1848), avec l'impeccable Reese Witherspoon.
2006 : The namesake
En français, Un nom pour un autre
Le jeune Gogol (qui n'aime pas son prénom) est fils d'immigrés indiens (de Calcutta). Il cherche à s'intégrer parmi ses concitoyens new-yorkais. Mais sa famille a beaucoup de difficultés à se défaire de ses traditions et de ses aspirations à son sujet.
C'est une adaptation fascinante et douce-amère de l'excellent roman américain de Jhumpa Lahiri.
On peut y noter le regretté Irrfan Khan et Tabu dans les rôles principaux.
Affiche de The namesake |
2009 : Amelia
Épopée aéronautique très oubliable
2012 : The reluctant fundamentalist
En français : L'intégriste malgré lui
Un jeune Pakistanais en quête de réussite à Wall Street se retrouve écartelé entre son rêve américain, une prise d'otages et l'appel constant de sa patrie d'origine.
Cette adaptation du roman de l’écrivain pakistanais Mohsin Hamid offre un rôle en or au magnifique acteur anglais Riz Ahmed, et on y retrouve également avec plaisir le regretté Om Puri.
Affiche de The reluctant fundamentalist |
Comédie musicale, films et séries télé
En outre, Mira Nair a réalisé plusieurs autres opus dont on citera :
en 2014 à Broadway la comédie musicale tirée de son film Monsoon wedding.
en 2020 : elle adapte en six épisodes le merveilleux roman A suitable boy de Vikram Seth, avec la prometteuse Tanya Maniktala dans le rôle de l'intrépide Lata.
Le trio gagnant
Pour découvrir son cinéma, commencer par :
The namesake
Monsoon wedding
Salaam Bombay!
qui ont l'avantage d'être accessibles en termes de cinéma, et sur les étagères en DVD en France.
Entretien
Un moment à Cannes, avec pétulance, et sous-titres français (3mn12)