Irrfan Khan en 2015 |
En deux mots
Un des seuls acteurs indiens à avoir une solide carrière internationale, à travers des rôles marquants dans des films tant européens qu'américains de grande envergure. Son jeu nuancé et sa reconnaissance par la critique en font un acteur unique.
Irrfan Khan n'est pas une star. C'est un grand acteur, avec une simplicité et une humilité rarissimes dans le monde de paillettes qu'est Bollywood. Ses déclarations à la presse font souvent controverse, que ce soit sur le manque de sincérité de certaines pratiques musulmanes ou sur le manque de créativité des films estampillés Bollywood.
Irrfan (1967-2020)
De son nom entier, Sahabzade Irfan Ali Khan, Irrfan Khan est né en 1967 au Rajasthan, dans une famille musulmane pachtoune. Il n'est pas issu d'une famille de cinéma. De grande taille comparé aux autres stars indiennes (1,83), il fut dans sa jeunesse un bon joueur de cricket.
Il fait ses classes de comédien à la National School of Drama.
Comme Shah Rukh Khan, son épouse Sutapa Sikdar est hindoue et productrice, mais aussi dialoguiste et scénariste, pour des films tels que Khamoshi: The Musical (dialogues, 1996).
Irrfan Khan nous a quittés en avril 2020, à la suite d'un cancer. Et nous regrettons déjà sa belle lumière intérieure. Un hommage éclairant d'Asif Kapadia, avec lequel il avait tourné, dans le Guardian.
Sa carrière
Il tourne pendant trente ans autant dans des films indiens que dans des productions britanniques et américaines. Son physique n'est pas dans les stéréotypes du bel homme (les exemples ne manquent pas de Raj Kapoor à Hrithik Roshan). Mais son visage inhabituel n'a pas entravé sa foi d'acteur et son parcours.
Parmi ses premiers rôles, on trouve des bizarreries telles que la série d'héroï-fantaisie Chandrakanta au début des années 90. La photo est évocatrice.
Dans le rôle de Badrinath |
On le retrouve dans une cinquantaine de films, chiffre habituel pour l'industrie cinématographique indienne. Il est considéré aujourd'hui comme un des acteurs les plus fins, avec un jeu subtil et varié, endossant des personnages très différents.
Irrfan Khan jeune |
Choix de films indiens
Hindi Medium (2017)
Le sujet du film, ce sont les écoles privées, et les écueils de l'ascension sociale. La question des nouveaux riches et ses égarements vue avec humour, esprit et bienveillance.
Le cinéma indien dans son rôle pédagogique à grande échelle : savoir rester soi-même. Et ça fait du bien, la suite Angrezi medium ne doit pas manquer d'intérêt.
Affiche de Hindi medium |
7 khoon maaf (2011)
Une femme revient sur les raisons qui l'ont poussée à assassiner ses maris successifs. Un film serré et fascinant, à contre courant du mainstream, avec une ligne féministe rare.
Affiche de 7 khoon maaf |
Angrezi Medium (2020)
Suite de Hindi Medium.
ça tourne ! |
Quelques films occidentaux
The Warrior (2001)
Ce western féodal mérite certainement le détour. Il ne semble pas distribué en France pour l'instant.
The Namesake (2006) traduit en français par Un nom pour un autre
Très beau film américain de la grande Mira Nair, sur la diaspora et les questionnements affectifs et identitaires des enfants nés ailleurs. La musique est composée par Nitin Sawnhey, surdoué britannique de la musique électro, aux racines indiennes omniprésentes.
Affiche de The namesake |
The Darjeeling Limited (2007)
Les mésaventures de trois grands garçons en Inde, dans le pince sans rire réjouissant de Wes Anderson.
Affiche de The Darjeeling limited |
Slumdog Millionaire (2008)
Le film de Danny Boyle a eu tant de succès qu'on ne le présente plus. Irrfan Khan tient le rôle de l'officier de police bienveillant qui écoute l'histoire de Jamal Malik.
The Amazing Spider-Man (2012)
Life of Pi (2012)
Lunchbox (2013)
Les amours épistolaires et gustatives d'un comptable au bord de la retraite et d'une jeune épouse délaissée, dans un Bombay intense et quotidien.
Affiche de The lunchbox |
Jurassic World (2015)
Inferno (2016)
Noter qu'il a la peau particulièrement sombre sur l'affiche.
Affiche d'Inferno |
Religion
Il est un des rares acteurs indiens à évoquer de manière directe la question religieuse, en attaquant à la fois les fondamentalistes et le rôle du grand imam, afin de défendre un rapport intime et personnel à la foi, contre les intermédiaires et les transactions.
Ses propos lui valent critiques et menaces, mais il ne semble pas se laisser intimider.
Une élégance audacieuse |
Un homme entier et vivant qui sut rendre les personnages qu'il interprèta crédibles et attachants. Le plus occidental des acteurs indiens ?