Chalte chalte

L'affiche du film

Fiche technique 

Titre : Chalte chalte


Traduction : 
"Tout en marchant", "En route"

Année : 2003

Durée : 2h48

Réalisation : Aziz Mirza

Production : Shah Rukh Khan, via sa maison de production Dreamz Unlimited, devenue depuis Red Chillies Productions

Attention, il ne faut pas confondre cette romance douce-amère avec deux films au même titre : le thriller de Sunder Dar tourné en 1976 et le film telougou Chalthe chalthe, sorti en 2019

Box office

(environ, en raison des arrondis et des taux de change entre roupies, dollars et euros)

Budget :1,3 millions euros

Recette : 2,5 millions euros

L'histoire en deux mots

Au Penjab (indien), Raj, amoureux fou, courtise avec succès Priya, pourtant déjà fiancée. Mais ils ne sont pas du même monde, et leur couple est défi.

Le film se structure en deux parties : des allers-retours entre leurs amis réunis au bowling, qui racontent l'improbable histoire d’amour de Priya et Raj, sous forme de flashbacks. Tout le monde se retrouve enuite  chez le couple, pour fêter leur premier anniversaire de mariage.

Raj est simple et impétueux, Priya raffinée et perfectionniste, d’une classe sociale plus aisée : née en Grèce, elle appartient à une jet-set habituée à l’aisance financière, aux résidences secondaires et aux vacances internationales. Devant elle, une carrière de « fashion designer » (un fantasme courant dans les films indiens). Raj s'efforce de faire tourner sa très locale entreprise. Sauront-ils surmonter les obstacles ?

Un couple savoureux

Shah Rukh Khan joue Raj Mathur, musulman sympathique à la tête d’une petite entreprise de transport (avec de beaux camions).

Raj et son naturel désarmant

Rani Mukerji est la belle Priya Chopra. Le rôle était initialement prévu pour Aishwarya Rai, qui a quitté le film suite aux frasques sur le tournage de son ex-petit ami Salman Khan. Rani livre une interprétation d'une appréciable justesse.

Priya volontaire et désemparée

Et leur entourage pittoresque

Le plaisant Satish Shah joue le frère de Raj, le débonnaire Manubhai.
Anna Masi, la tante de Priya est portée par la savoureuse Lillete Dubey, issue du théâtre, et par ailleurs épatante dans Kal ho naa ho (sorti la même année).

Priya, épaulée par sa tante et son père

Le truculent Johnny Lever est Nandu, le vagabond alcoolique qui traine en bas de l’immeuble. Il chante le refrain de Dilwale Dulhania le jayenge, film culte des années 90, qui a propulsé Shah Rukh Khan parmi les stars.

Johnny Lever, son chien et Shah Rukh Khan
Jas Arora interprète Sameer, le fiancé bon perdant (l’acteur n’est pas inoubliable).

L'ami d'enfance, fiancé pris en otage

Un couple mixte

La différence religieuse entre les deux personnages est marquée sans être approfondie : lui musulman sans parents, elle hindoue entourée d’un père aimant et d’une tante envahissante. Le clivage religieux reste en arrière-plan de leurs difficultés conjugales, qui sont davantage issues de la disparité de statut social et de capital économique. 

Au prestige d’une vie facile et tournée vers l’étranger répond l’engagement quotidien de Raj pour faire tourner son entreprise de camions. Son souci de dignité l’honore, et le rend hostile à cette belle-famille toute prête à le phagocyter. Et l’on se détourne avec humour d’une idée trompeuse (qu’on retrouve dans des dialogues bien écrits) : on ne rode pas un mariage comme on rode un camion.

Raj avec son personnel

Une complicité bienvenue

Les scènes d’intimité entre le prince charmant et sa belle sont réussies, que ce soit en voiture la nuit (même si la décapotable est un peu trop), ou dans leur appartement, plus physiques et inattendues (avec une scène savoureuse qui plaisante sur la nudité du personnage masculin).

Le conte de fée

Mais un sombre arrière-plan

La vision pessimiste (ou réaliste ?)  du mariage que déroule le film, va au-delà du traditionnel personnage de prince charmant (sur le même sujet, on verra avec profit Kabhi alvida naa kehna de Karan Johar sorti en 2006). L’aigreur progressive du mariage se manifeste dans les disparités d’argent, les mensonges, les disputes et les reproches. 

Les disputes quotidiennes

Et Shah Rukh Khan retrouve avec grande conviction le regard méchant qui avait marqué ses débuts, dans des rôles de dangereux psychopathes. Certaines scènes ont des allures de cauchemar, avec une maîtrise cinématographique qu'il faut saluer.
La dérive dans l’alcool au moment de la séparation répond à la vie du vagabond haut en couleur qui traine en bas de l’immeuble, et qui n’a pas pu réaliser son amour.

Ainsi va le monde

On y décrit également le monde cynique des affaires, soutenu par des banques sans scrupules : les petits s’y font irrémédiablement manger, et Raj est du coté des perdants, malgré sa ténacité et son investissement personnel.

Un film réussi

L’image n’est pas d’une grande qualité, il faut le reconnaitre, et affleurent bien des restes de la décennie précédente (décors, couleurs, vêtements, pitreries de comédie de geste etc... qui ont mal vieilli), du temps d’un cinéma qui ne voulait pas complétement s'affranchir de la gangue de la farce (que Johnny Lever maitrise magistralement).

Les dialogues sont soignés et passent sans cesse de l’hindi à l’anglais, avec des doutes explicites sur la capacité des personnages à comprendre la langue, et au second plan, l’idée de ne pas s’aliéner un public plus rural ou moins éduqué dans les salles de projection.

Il faut ajouter à ce bilan mitigé le fait que le film est une ode bien agréable à l’Inde : les paysages sont sublimes, et le spectacle que constituent les décors naturels lui ajoute une dimension esthétique à ne pas bouder.

Des chansons merveilleuses

Les chorégraphies bien frappées de Farah Khan accompagnent des chansons élégantes et bien interprétées.

Dagariya chalo ouvre leur romance pendant un voyage en camion à travers l'Inde, avec un refrain engageant « allons au pays de l’amour »...

Gum shuda à la recherche de Priya par toute la ville

Suno na sono na Et son escale inespérée en Grèce. 

Tauba tumhare Une sensualité qui ne passerait plus aujourd’hui l'épreuve de la censure. Même si, sans surprise, aucun baiser n'est échangé pendant les 2h48 de film...


Chalte chalte : la séparation (alors que nous marchions ensemble, comment est survenu l'éloignement ?)

Deux bandes-annonces

Sans sous-titres (2mn41)

Avec sous-titres anglais (1m25)

Commentaires